VARROASE : Message du Dr Gottardi – Novembre 2021
Depuis déjà de nombreuses années,le GDSA 73 a préconisé pour traiter les ruches contre varroa,l’utilisation de l’Apivar dont le principe actif est l’amitraz.
Quand le GDSA a commencé à utiliser l’Apivar,il fallait laisser les lanière 6 semaines puis nous sommes passés à 8 semaines pour être actuellement à 12 semaines.
Depuis 3 -4 ans ,de remontées de terrain font apparaître une moindre efficacité de l’Apivar.
Des études récentes tendent à montrer qu’il commence à apparaître une résistance à l’amitraz .
Devant un tel constat, le GDSA a décidé de proposer à ses adhérents l’utilisation de l’Apistan dont le principe actif est le tau-fluvalinate sur l’année2021.
L’alternance pourrait se faire de la façon suivante : 3 ans Apivar puis un an Apistan.
Pour les apiculteurs ayant des colonies en périphérie de vergers ,il faudra être vigilant quant à l’efficacité du tau-fluvaliate car cette molécule est utilisée en arboriculture d’où une potentielle efficacité moindre sur varroa .
Certains apiculteurs ont pris l’initiative de traiter 2 années de suite avec Apistan mais les résultats ont été mauvais et beaucoup de colonies sont mortes et cela nous conforte dans les modalités du choix de l’alternance.
Je tiens à attirer votre attention sur le point suivant:un seul traitement par an après récolte entre le 15/7 et le 15/8 n’est plus SUFFISANT .
Il faut faire des comptages de chute naturelle et envisager de faire un traitement tardif voire en hiver avec de l’acide oxalique en période hors couvain .
C’est cette seule alternative actuellement qui permettra de limiter les mortalités hivernales bien souvent dues aux conséquences d’une mauvaise gestion de la population de varroas .
Un comptage 10 à15 jours après le retrait des lanières permet de savoir si le traitement a été efficace
Il faut refaire de même après le traitement avec l’acide oxalique .
Ce protocole nous semble actuellement être le minimum à mettre en œuvre pour avoir des colonies pas trop impactées par varroa.
ARGUMENTAIRE NEONICONOÏDES (2015)
Les néonicotinoïdes sont une famille d’insecticides agissant sur le système nerveux central des insectes. Ce type de produit est présent sur le marché français depuis 1994. Sous ces dénominations, on trouve les substances actives suivantes : thiaméthoxam, imidaclopride, thiaclopride, dinotéfuran, acétamipride, et clothianidine, qui sont jusqu’à 10.000 fois plus toxiques que le DDT.
Contrairement à d’autres pesticides qui restent sur la surface du feuillage traité, les pesticides systémiques, y compris les néonicotinoïdes et le fipronil, sont repris par la plante et transportés dans tous les tissus (feuilles, fleurs, racines et tiges, ainsi que dans le pollen et le nectar).
En conséquence de leur usage largement répandu, ces substances sont trouvées dans tous les compartiments de l’environnement : sol, eau et air. La persistance dans les sols, les cours d’eau et les plantes non-cibles est variable mais peut être longue ; par exemple, la demi-vie des néonicotinoïdes dans les sols peut dépasser 1000 jours et ils peuvent persister dans les plantes ligneuses pour des périodes supérieures à un an.
L’évaluation mondiale intégrée (WIA : Worldwide Integrated Assessment) entreprise par le groupe de travail sur les pesticides systémiques (TFSP : Task Force on Systemic Pesticides) a été réalisée pour fournir une analyse complète et indépendante sur ces produits chimiques et leurs impacts sur les écosystèmes et sur la biodiversité, afin d’informer sur les mesures à prendre.
Rassemblant tout ce qui est connu et publié, près de 800 études ont été analysées par une trentaine de chercheurs du monde entier dans les différents champs disciplinaires concernés, de la biologie à la physique, la chimie, la toxicologie.
Les résultats ont été publiés dans le journal à comité de lecture : Environmental Science and Pollution Research (ESPR, Springer)i en 2014.Un extrait des conclusions :
dans certains cas, pendant des années où ils s’accumulent. Cela augmente leurs impacts
toxiques en augmentant la durée d’exposition des espèces non cibles.
de pollinisation.
antiparasitaire durable et qu’elle compromet les actions de nombreuses parties
prenantes dans le maintien et le soutien de la biodiversité, et par suite, des fonctions et les services écologiques rendus par divers organismes.
La Commission européenne a restreint l’utilisation de trois substances actives de la famille des néonicotinoïdes ( clothianidine, thiaméthoxam et imidaclopride), suite à plusieurs avis de l’Agence Européenne de Sécurité des Aliments (AESA), constatant les risques élevés de l’utilisation de ces substances pour les abeilles,
Cette décision a constitué un premier pas important dans la reconnaissance du rôle de ces molécules dans le déclin des pollinisateurs constaté dans toute l’Europe et dans de nombreuses parties du monde.
Malgré ce, ces produits restent utilisés sur de très larges surfaces, car les restrictions ne concernent ni les céréales d’hiver (la majorité en France) ni les traitements foliaires après floraison. Les abeilles et pollinisateurs continuent à être exposées (poussières des semis, pollen et nectar des adventices et des cultures suivantes…)
L’abeille et les pollinisateurs sont le vecteur de pollinisation indispensable à la biodiversité et aux rendements des cultures agricoles. La valeur économique de la pollinisation a été estimée à 28,5 milliards de dollars US par an dans l’UEii, 35% de la production mondiale de nourriture est liée aux insectes pollinisateurs. On estime un déficit de 13,4 millions de colonies d’abeilles pour polliniser correctement les cultures européennes et en France à peine de 25 % des colonies nécessaires sont présentes. Il est urgent et nécessaire d’agir.
Bien sur les néonicotinoïdes ne sont pas les seuls responsables du déclin des abeilles, mais lorsqu’elles ne seront plus chroniquement intoxiquées elles réagiront mieux aux autres agressions.
Lorsque l’Italie a interdit leur usage, les mortalités de ruches ont chuté de 37% à 15% en trois ans.
Des publications récentes font craindre que ces produits affectent également la santé humaine.
Dans un communiqué, du 17 décembre 2013, l’AESA déclare que «deux néonicotinoïdes – l’acétamipride et l’imidaclopride – peuvent avoir une incidence sur le développement du système nerveux humain ».Ils peuvent affecter de façon défavorable le développement des neurones et des structures cérébrales associées à des fonctions telles que l’apprentissage et la mémoire.»
L’agence canadienne de réglementation sur la lutte antiparasitairev classe la clothianidine, le thiaclopride et le thiaméthoxam comme perturbateurs endocriniens potentiels et indique des effets suspectés sur la reproduction chez l’animal pour l’acétamipride, la clothianidine et le thiaméthoxam.
L’agence pour la protection de l’environnement des Etats-Unis (US EPA) classe le thiaclopride comme cancérigène probable.
L’utilisation de ces molécules n’a pas permis une augmentation significative des rendements pour les agriculteurs :
amélioration significative des rendements des cultures.(Center for Food Safety)ix
neonicotinoid pesticides on bees»xii préconise, en substitution aux néonicotinoïdes, la
rotation des cultures, les méthodes de lutte biologiques (nématodes contre la chrysomèle), une protection des végétaux préventive et non chimique, et la promotion de l’agriculture biologique
Les mesures de verdissement de la PAC, dans le cadre des MAE du 2° pilier, devraient apporter un soutien économique aux agriculteurs qui se lancent dans cette transition vers des solutions autres qu’une réponse chimique aux problèmes rencontrés.
L’interdiction des néonicotinoïdes ne sera donc pas la catastrophe annoncée par certains, au contraire elle peut être une stimulation pour une évolution vers un mode de production agroécologique souhaité par le ministre de l’agriculture. De nombreux paysans pratiquant l’agriculture agroécologique, paysanne ou biologique font la preuve qu’une agriculture sans néonicotinoïdes est possible.
Quand un besoin est identifié, les options de lutte antiparasitaire pour éviter l’utilisation des insecticides néonicotinoïdes sont variées et peuvent inclure la diversification et modification de la rotation des cultures, les dates de plantation, le travail du sol et l’irrigation, l’utilisation des variétés moins sensibles dans les zones infestées l’application des agents de lutte biologique et en dernier lieu l’utilisation d’ insecticides à risque réduit. Ces options sont souvent plus efficaces lorsqu’elles sont appliquées en combinaison dans une stratégie globale de lutte intégrée.
L’ Agence Européenne de l’Environnement estime que maintenir l’utilisation généralisée des néonicotinoïdes augmente le risque de préjudice grave pour l’environnement et menace la sécurité alimentaire.
Le parlement néerlandais, sur la base des études montrant l’impact des néonicotinoïdes sur la mortalité élevée des abeilles et l’apparition de lésions cérébrales chez les enfants, a invité le gouvernement néerlandais à adopter un moratoire sur tous les néonicotinoïdes jusqu’à ce qu’il soit établi que les néonicotinoïdes n’ont pas un effet néfaste sur les abeilles et la santé humaine.
En vertu de l’article 69 du règlement européen n°1107/200, lorsqu’il apparaît qu’une substance active est susceptible de constituer un risque grave pour la santé humaine ou animale ou l’environnement, un Etat membre ou la Commission européenne peuvent engager une procédure visant à restreindre ou interdire l’utilisation et la vente de la substance.
La France, premier pays agricole de l’Union européenne, s’est fixé pour objectif de devenir leader de l’agro-écologie et a engagé plusieurs actions à cette fin. Mais malgré les annonces les résultats sont alarmants. Le bilan à mi-parcours d’Ecophyto-2018, qui devait réduire de 50% la consommation des pesticides est catastrophique. Des mesures volontaristes s’imposent.
Il est grand temps de prendre des décisions qui permettent de mettre en oeuvre le développement de l’agroécologie voulue par le gouvernement, et de l’agroécologie paysanne pratiquée par de nombreux paysans français qui n’utilisent pas de néonicotinoïdes. Leur interdiction contribuera à cette évolution.
La France a su adopter dès 2012 une position forte pour la protection des pollinisateurs en initiant, et en soutenant jusqu’à son terme, le processus qui a conduit à l’interdiction partielle de trois néonicotinoïdes. Il lui appartient aujourd’hui de poursuivre son action en incitant l’Union européenne à aller plus loin.
Le Sénat qui a voté à l’unanimité le rapport d’information de la mission commune sur les pesticides et la santé «Pesticides vers le risque zéro », ne peut pas se satisfaire d’une simple constatation. Il lui appartient de soutenir une résolution qui va dans le sens des recommandations inclues dans ce rapport
Cette proposition de résolution vise à inviter le gouvernement français à agir auprès de l’Union européenne pour obtenir un moratoire européen sur l’ensemble des pesticides néonicotinoïdes tant que les risques graves sur l’environnement et la santé humaine ne seront pas écartés.